La retraite
Cendres et pourpres
La retraite
Au baron A. de Léautaud.
Aux limites du parc, ce coin d'ombre noyé:
Ormes, trembles, tilleuls en masse violette,
Jettent sur le gazon un voile déployé
De nuit et de silence où le vent tiède halette (halète?)
Des roses fragiles sous le taillis mouillé
S'alanguissent. Tout bruit de foule ici s'arrête;
Chaque soir seulement y pénètre, allié
Au crépuscule d'or, l'écho de la retraite.
Des rêves empourprés dressent leurs escadrons
Sur l'horizon saignant, au choc des sonneries,
Et montent à l'assaut d'idéales patries.
Quel désir impuissant pleure avec les clairons
D'un monde inaccessible, aux portes toujours closes,
Et qu'évoquent la nuit, le vent tiède et les roses?
La Pépinière, Nancy, 12 mais 1900.
A travers le voile, 1902