Marie Dauguet

La retraite

Cendres et pourpres

La retraite

Au baron A. de Léautaud.

Aux limites du parc, ce coin d'ombre noyé:

Ormes, trembles, tilleuls en masse violette,

Jettent sur le gazon un voile déployé

De nuit et de silence où le vent tiède halette (halète?)

Des roses fragiles sous le taillis mouillé

S'alanguissent. Tout bruit de foule ici s'arrête;

Chaque soir seulement y pénètre, allié

Au crépuscule d'or, l'écho de la retraite.

Des rêves empourprés dressent leurs escadrons

Sur l'horizon saignant, au choc des sonneries,

Et montent à l'assaut d'idéales patries.

Quel désir impuissant pleure avec les clairons

D'un monde inaccessible, aux portes toujours closes,

Et qu'évoquent la nuit, le vent tiède et les roses?

La Pépinière, Nancy, 12 mais 1900.

A travers le voile, 1902



04/04/2013
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 4 autres membres