Marie Dauguet

La rouge chanson

Chansons

 

La rouge chanson

 

Mes oiseaux à l'aile meurtrie,

Le coeur en sang,

Que le vent d'octobre charrie

Au hasard, sans

Egard pour vos ailes meurtries;

 

Mes vagues oiseaux qui sombrez

Aux berges moites

Des étangs givreux, sur les prés

Noirs où miroite

Cette eau glacée où vous sombrez;

 

Outardes, macreuses transies

Dans les remous

Du vent froid qui vous supplicie,

Cadavres fous

Que bercent les brumes transies;

 

Oiseaux, voici mon coeur en sang

Dressant son phare

Parmi l'ouragan frémissant

Qui vous égare;

Oiseaux, voici mon coeur en sang.

 

Il est l'étrange sanctuaire

Tout luisant d'or,

Où mieux qu'au lit des estuaires

Dorment des morts

Sous la pourpre de leurs suaires.

 

Brisez, brisez les vitraux d'or,

Ailes blafardes,

Qu'en moi s'éteigne votre essor,

Grèbes, outardes;

Brisez, brisez les vitraux d'or.

 

Dormez, désirs, l'aile meurtrie,

Mourez aussi,

Délivrés du vent qui charrie

Les vols transis;

Dormez, désirs, l'aile meurtrie.

 

Dormez sous les dams sanglants,

Les pourpres lourdes,

Dont le calme va s'étalant

En splendeurs gourdes,

Dormez, dormez oiseaux sanglants!

 

Par l'Amour, 1904.



25/08/2012
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