(Le matin passe...)
Les heures fragiles
(Le matin passe...)
Le matin passe avec son manteau d'or liquide
Et ses pieds empourprés qui courbent les roseaux.
Couronné de glaïeuls et de bardanne humide,
Le matin lumineux se dresse au bord des eaux.
L'automne l'a paré. Ainsi que des coraux,
Les sorbiers ont garni de leurs graines acides
Sa ceinture, unissant aux grappes des sureaux
Leur beauté décevante et leurs pulpes arides.
Il fait triste, mon coeur, malgré le matin d'or,
Qui rôde ruisselant sous sa robe qu'il traîne,
Pendant que, possédé de son rêve, il promène
L'archet sur le rebec! Joignons à son accord
L'écho de nos baisers pour qu'un peu de survive
De notre amour mêlé à l'heure qui s'esquive.
23 août 1901
A travers le voile, 1902