Vois-tu...
Vois-tu...
Vois-tu sous la chaude ondée
De frissons d'or inondée,
S'ouvrir au matin laiteux,
Qui si tendrement bégaie,
La floraison des saulaies
Mirée à l'étang clarteux.
Le jour indolent se flâtre
Souplement aux troncs d'albâtre
Des trembles et des bouleaux;
Puis rôde parmi les branches
Et les touffes des pervenches
Comme un bondissant chevreau.
Plus des crampes tétaniques
Et plus des cris sataniques
Du brutal et sombre hiver;
Mais, sur la terre amollie,
La fraîcheur qui se déplie
À l'horizon des blé verts;
Mais parmi le bois qui vibre
Et résonne à pleine fibre,
Le vent fougueux entraînant
Pollens ardents, fleurs vermeilles,
Chants d'oiseaux et vols d'abeilles,
En essaim tourbillonnant.
Viens! Que nos lèvres se baisent
Aux sanglots que rien n'apaise
Des doux ramiers enivrés
Et que nos aveux s'accordent
Aux accents fous qui débordent
Des halliers énamourés.
Par l'amour, 1904