Le silence
Le sens de la vie
Le silence
Je n'écouterai plus la chanson des ramiers,
Le bleu roucoulement lentement qui palpite
De leurs couples errants parmi les alisiers;
Je n'écouterai plus la feuille qui crépite,
Eclate hors du bourgeon et s'ouvre en la clarté
D'une aurore d'Avril. Ce que je vois se fane
Et le silence étend sa morne aridité
Dans mon bois intérieur que la bise décharne.
Le paysage est dur, fait de bronze et d'acier
Où le soleil répand des lueurs funéraires
Près des étangs mangés de rougeâtres ulcères.
Le jour souillé vacille aux bords où je m'assieds,
Et tombe ivre d'erreur, de doute et de blasphème:
Tout meurt immensément au dedans de moi-même.
Par l'Amour, 1904.