(Prélude cristallin...) A la primevère
A la primevère
Prélude cristallin...
A Monsieur Emile Faguet
Prélude cristallin des blancs alleluia
Que chante l'alouette entre chaque embellie!
Le ciel, comme un grand cygne, ouvre, étire, et déplie
Son aile de duvet que la neige mouilla.
A peine reste-t-il, fleurs de magnolia,
Quelques flocons laiteux dont la candeur s'oublie
Aux branches des massifs. - Imprécise et pâlie,
Sous son voile, voici que passe Maïa.
Et sa voix se répand avec la liturgie
Des eaux où frissonne sa multiple effigie.
Elle sourit à travers leur miroir d'argent,
Insaisissable en sa mouvante transparence,
Au Désir altéré de son baiser changeant,
Que tente vainement l'éternelle Apparence.
2 février 1901
A la Primevère
A travers le voile (1902)