(Tous les chagrins...) Brumaire
Brumaire
(Tous les chagrins...)
Tous les chagrins, ces mélopées
Que novembre exhale et qui sont
De sa moiteur enveloppées,
Au ras des jachères s'en vont.
Le cortège enfroqué défaille
A l'heure où le jour moribond
Avec le fouillis des broussailles
Insensiblement se confond.
Au bord des forêts embuées,
Des fantômes, les bras en croix,
Font signe à travers la nuée
Aux grands vols qui cinglent tout droit.
Plus rien de vivant, le rivage
Dort en son morne isolement,
Plus rien que le souffle sauvage
Du bois qui pleure obscurément.
Berceau pour toute lassitude
Et repos pour tous les fardeaux
Que ta douceur, ô solitude,
Large ouverte comme un tombeau.
2 novembre 1900