Marie Dauguet

Viens

Viens

 

Viens dans l'odeur du froment mûr

Qui se dilate dans l'air pur

Et flotte aux contours des chemins;

Perdus sous les épis moirés,

Nous la prendrons entre nos mains

Comme un morceau de pain doré.

 

Viens dans l'odeur des pâturages,

Où les troupeaux s'en vont rêvant,

Limpide et tranquille breuvage

Bu à la coupe d'or du vent.

 

Viens dans cette odeur admirable

Et tel un idéal chant d'orgues,

Qu'on savoure au fond de l'étable

Où l'âme des prés fauchés vogue;

Où respirent si noblement,

Alors que ma main les délie,

Après leur besogne accomplie,

Mes deux grands boeufs doux s'endormant,

Le flanc dans la paille fleurie.

 

Chants d'orgues ou torpeurs d'encens,

C'est un baume aux lentes caresses,

Pansant nos désirs gémissants;

C'est un élixir de sagesse,

Dont s'enchante l'âme marrie,

Viens dans l'odeur de l'écurie.

 

Les Pastorales, 1908.



02/11/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 4 autres membres