(Vois l'aurore...)
Printemps
(Vois l'aurore...)
Vois l'aurore tremper les feuilles des mélisses,
La libellule errer au bord frais des calices,
Mêlant aux iris d'or son vol phosphorescent.
La grive a retrouvé ses pipeaux idylliques,
L'écho confusément lui donne la réplique,
Le jour s'effeuille ainsi qu'un églantier naissant.
Comme il est éphémère et suave de vivre!
Est-ce ta bouche encor dont la langueur m'envivre,
Est-ce ton regard vert aux moires de l'étang?
Mais rien ne peut mourir des baisers que l'on donne
Et quand le temps cruel et faux nous abandonne,
Ils fleurissent en nous comme un divin printemps.
Par l'Amour, 1904.